Quel est l’ordre des mots dans la phrase mongole ?
L’ordre des mots dans la phrase mongole est complètement différent de celui du français. En effet, si la phrase mongole débute par le sujet, elle est tout de suite suivie par le complément. Le verbe, (ou prédicat verbale) est placé en fin de phrase. Cet ordre des mots est déroutant pour l’étudiant francophone mais il suffit d’un peu de pratique de la langue mongole pour vite assimiler cet aspect déroutant.
Alors que les francophones diront : « J’ai travaillé en Mongolie pendant 3 ans », les mongols diront : « Je Mongolie 3 années pendant avoir travaillé »
Comment sont créés les mots en mongol ?
La langue mongole fait partie des langues dites agglutinante en ce sens qu’elle appose des suffixes à un morphème de base afin de préciser le sens d’un mot. Un peu dans le même principe que l’allemand, on peut parfois retrouver certains mots assez longs.
Qu’est-ce que
l’Harmonie vocalique ?
La langue mongole est dite agglutinante, en ce sens qu’elle ajoute à un morphème de base des suffixes afin de préciser le sens d’un mot. Le principe appelé harmonie vocalique stipule que des voyelles de classes différentes (antérieures ou postérieures) ne peuvent être retrouvées dans un même mot. En d’autres mots, un mot ne peut être composé de voyelles antérieures et postérieures car l’apposition des suffixes se fera en fonction de la classe de voyelles retrouvée dans le morphème de base. Pour mieux comprendre ce procédé, prenons quelques exemples.
a) Маргааш
demain
→
Mаргаашнаас
à partir de demain
marga:sh
marga:shna:s
b) Өнөөдөр
aujourd’hui
→
Өнөөдөрөөс
à partir d’aujourd’hui
euneu:deur
euneu:deureu:s
c) Монгол
Mongol-ie →
Монголоор
en
mongol
mongngol
mongngolo:r
d) Франц
France-çais
→
Францаар
en
français
frants
frantsa:r
e) Зав
temps libre
→
Завтай
avec
du temps libre
tsav
tsavtè:
f) Ав-
prendre
→
Авсан
a
pris
av
avsan
g) Оч-
visiter
→
Очсон
a
visité
otsh-
otshson
Quel est l’alphabet utilisé pour la langue
mongole ?
L’alphabet mongol possède 35 lettres. Celles-ci correspondent à celles de l’alphabet cyrillique avec l’addition de deux autres lettres, soit le ө et le ү. Il est important de savoir que la prononciation des lettres mongoles diffère souvent de la langue russe. Ceux d’entre vous qui connaissez cette langue auront néanmoins un avantage pour cette première leçon. Mais il faudra porter une attention particulière pour ne pas reproduire les sons russes. Plusieurs règles dictent le regroupement de certaines voyelles ou consonnes et contribuent ainsi à changer la prononciation du mot.
Il n’y a aucun code international de translittération qui prévaut pour décrire phonétiquement la langue mongole.
Nous préférons ne pas insister sur la traduction phonétique puisque les bandes sonores sont là pour guider l’étudiant. Elles jouent un rôle crucial dans notre apprentissage. C’est grâce à elles que nous pourrons réellement comprendre et nous exprimer efficacement en mongol. N’hésitez donc pas à écouter et à réécouter les enregistrements aussi souvent que possible. Après chaque lettre, consultez la bande sonore afin de vous familiariser avec la prononciation de la langue. N’hésitez pas à répéter à haute voix après chaque élocution. Pour cette première leçon, chaque mot sera répété trois fois. De cette façon, vous aurez assez de temps pour reproduire le son entendu. Avec l’aide des enregistrements, il est toujours plus facile d’apprendre la lecture si vous n’avez pas le soutien phonétique de notre alphabet
Comment forme-t-on les verbes en mongol ?
Le système verbal mongol est assez différent de celui en français.
Nous venons de le dire la langue mongole se construit par l’apposition de suffixes sur un morphème de base. Les verbes n’échappent pas à ce procédé. Ainsi l’apposition d’un suffixe particulier à un morphème verbal donnera un sens particulier à l’action. On retrouve un nombre considérable de mode verbaux en mongol. Voici les formes verbales les plus fréquentes :
Ainsi le radical verbal ажил- (travail-er) devient
- ажиллах (à travailler)
- ажилласан
(a travaillé, ont travaillé, etc…).
- ажилламаар
байна
(vouloir travailler)
- ажиллаарай (travaille!, travaillez!)
- aжиллавал
(si je travaille... si tu travailles, etc…)
- ажилладаг
(travaille – action répétée et habituelle)
- ажиллана
(travaille et travaillera)
de la même façon le radical өг- (donner) devient :
- өгөх (à donner)
- өгсөн (a donné)
- өгмөөр байна (vouloir donner)
- өгөөрэй (donnez!)
- өгвөл (si on donne, si tu donnes, si vous donnez…)
- өгдөг (donne– action répétée et habituelle)
- өгнө (donne et donnera)
Comme toujours l’harmonie vocalique (voir plus bas) nous indique le type de voyelles qui devra être apposé avec le suffixe.
En mongol, il n’y a pas de conjugaison à proprement parler. C’est donc dire que peu importe le sujet (singulier ou pluriel), seuls les modes verbaux changent le suffixe du verbe. Ainsi би ажилладаг « je travaille » se dira тэд ажилладаг « ils travaillent ». Contrairement à la langue française qui possède des règles complexes de conjugaison, le sujet en mongol ne change pas le radical du mode mode verbal.
Qu’est-ce qu’on entend par déclinaison ?
Les déclinaisons représentent un élément fondamental de la langue mongole. Elles sont guidées par un principe qui dicte que la fin d’un mot change de terminaison en lien avec sa fonction dans la phrase. Ceux d’entre vous ayant appris le latin, l’allemand ou le russe reconnaîtront ce procédé bien particulier. Dans ces langues, la finale des mots est déterminée par des règles complexes en lien avec le genre et le nombre du mot.
Quels sont les sept cas de la langue mongole ?
La langue mongole comporte sept (7) cas qui font l’objet d’un bref survol dans les pages suivantes. Dans les exemples cités, vous verrez comment le principe d’harmonie vocalique conditionne l’apposition des suffixes.
Ainsi le mot mongol
- гэр (maison, yourte) au nominatif (fonction sujet) devient,
- гэрээс (en provenance de la maison, de la yourte) à l’ablatif,
- гэртэй (avec la maison, la yourte) au comitatif (indique la notion d’accompagnement)
- гэрээр (par la maison, par la yourte) à l’instrumental,
- гэрийн
(…de la maison) au génitif ou complément du nom,
- гэрийг (maison) à l’accusatif ou complément d’objet direct,
- гэрт (à la maison, dans la yourte) au datif-locatif.
Notons que la langue mongole ne possède pas de genre masculin ou féminin. De plus, soulignons que la marque du pluriel est très rarement inscrite. Ces deux faits font en sorte que les déclinaisons sont régies uniquement par le principe d’harmonie vocalique (voir point 1.2.3). Ceci facilite grandement l’apprentissage du mongol.
Premier cas : nominatif (fonction sujet)
Suffixe à ajouter : –Ø (aucun)
C’est à cette forme que vous retrouvez les mots dans le dictionnaire. Elle correspond à la fonction sujet. (ex:
Ном → livre).
a) Миний найз өндөр Mon ami est grand.
b) Би нүүдэлчин Je suis nomade.
c) Энэ мах сайн байна аа! Cette viande est bonne!
d) Тэр өчигдөр энд байсан! Il/Elle était ici hier.
e) Энэ хүн Францаас ирсэн Cette personne vient de France.
Deuxième cas : génitif (complément du nom)
Suffixeà ajouter : –ын, -ны, -ийн, -ний
Voici une forme très répandue. Elle correspond à la fonction complément du nom. (ex: Номын → …du livre)
a) хотын байр (le/un) appartement de ville
b) цайны газар (le/un) Endroit de thé, (restaurant)
c) монгол хэлний багш (le/un) professeur de langue mongole
d) хургaны мах (de la) viande d’agneau
e) ахын хар малгай (le) chapeau noir du grand frère
Troisième cas : datif-locatif (fonction complément d’objet indirect ou complément circonstanciel de lieu sans mouvement)
Suffixe à ajouter : д-, -т
Dans plusieurs langues vivantes ou mortes, il s’agit de deux cas distincts. En mongol, la terminaison est la même. Elle est utilisée pour décrire les compléments d’objet indirect: чи надад нэг юм өгнө « tu me donnes quelque chose »,
тэр ахдаа ярьсан « il parle à son frère » ou les compléments circonstanciels de lieu lorsqu’il n’y a pas de verbe de mouvement: би шууданд ажилладаг « je travaille à la poste »,
би Парис хотод амьдардаг « je vis à Paris ». (ex:
Номонд → …dans le livre)
a) Улаанбаатарт
à Oulan-Bator
b) Тэр надад энэ юмыг өгсөн. Il/Elle m’a donné cette chose.
c) Би Монгол улсад төрсөн. Je suis né(e) en Mongolie.
d) Би чамд хайртай. Je (à toi) t’aime
e) Хөтөч малчинд ярьж байна Le/la guide parle à un éleveur.
Quatrième cas : accusatif
Suffixe à ajouter : -ыг, -ийг, -гий
Cette forme indique la fonction complément d’objet direct (C.O.D.). Dans certaines circonstances particulières, la marque de l’accusatif n’est pas inscrite. Nous verrons les règles régissant ce cas dans les leçons suivantes. (ex : Номыг → … le livre )
a) Би энэ үзэсгэлэнийг үзсэн. J’ai vu cette exposition.
b) Тэр намайг харж байна. Elle/Il me regarde.
c) Чи энэ ажлыг хийсэн. Tu as fait ce travail.
d) Би энэ киног үзсэн. J’ai vu ce film.
Cinquième cas: ablatif (indique la provenance)
Suffixe à ajouter : -аас, -оос, -ээс, -өөс
L’utilisation de ce cas évoque la provenance, l’origine. (ex : Номоос → … d’après le livre )
a) Би Францаас ирсэн. Je viens de France.
b) Энэ нүүдэлчин Төв аймгаас ирсэн. Ce nomade vient de la province de Teuv.
Sixième cas : instrumental
Suffixe à ajouter : -аар, -оор, -ээр, -өөр
Ce cas correspond au moyen par lequel est effectué une action. (ex : Номoор → … par le livre)
a) Тэр автобусаар тийшээ явсан. Il/Elle est allé(e) là-bas en autobus.
b) Бид онгоцоор ирсэн. Nous sommes venu(e)s en avion.
c) Бид хөдөөгөөр aяëмаар байна. Nous voulons voyager en campagne.
d) Бид модоор байшин барна. Nous construirons la maison en bois.
Septième cas : comitatif
Suffixe à ajouter: -тай, -той, -тэй
Le septième cas est utilisé pour indiquer la notion d’accompagnement. (ex :
Номтой
→ … avec le livre)
a) Би чамтай (хоол) идмээр байна. Je veux manger avec toi.
b) Би гэргийтэйгээ явсан. Je suis allé avec ma femme.
c) Тэр найзтайгаа идсэн. Il/Elle a mangé avec son ami(e).
d) Та нар архи хэнтэй уумаар байна? Avec qui voulez-vous boire de
l’arkhi?
Quelles sont les difficultés du mongol ?
· La prononciation parfois inusitée oblige l’apprentissage de la langue mongole avec des enregistrements.
· L’ordre des mots dans la phrase mongole est très différente de celui en langue française. Si la création de phrases courtes ne pose aucun problème, celle avec deux et trois verbes demandent une gymnastique pas toujours facile.
· Les modes verbaux sont très nombreux. Ils peuvent décrier tantôt une action faite dans un passé
récent, lointain, au future, collective, dans l’immédiat….etc
· La langue mongole est une langue dite agglutinante en ce sens qu’elle appose un suffixe à un radical dans le but de créer des mots.
· La tournure de certaines phrases est parfois très différente de celle en français.
Quelles sont les facilités du mongol ?
- L’harmonie vocalique est un principe qui dicte que l’apposition de suffixe au radical doit obligatoirement être de la même classe que la voyelle présente dans le radical. Ceci facilite l’apprentissage du mongole
- Il n’y a pas de conjugaison à proprement parler.
- L’alphabet mongol (cyrillique) est assez simple et s’apprend en quelques heures seulement.
- La langue mongole n’utilise pas le masculin ou féminin.
- La langue mongole utilise très peu le pluriel
- Économie de mot mettant de côtés les éléments jugés superflus au discours.
Pourquoi apprendre le mongol?
- Mis à part dans la capitale mongole, les Mongols ne parlent (en général) aucune autre langue…
- La richesse de cette langue nous fait plonger dans un univers bien différent de notre langue française.
- Car il s’agit d’un incontournable pour mieux comprendre la vision du monde des peuples de la steppe.
- Afin de voyager différemment et avec plus d’autonomie.
Louis-Simon Roy, auteur de la méthode Introduction à la langue mongole

Méthode
de langue mongole
Livret
de 348 pages + 2 CDs
Douze
leçons pour une connaissance pratique de la langue mongole
|